La Vieille Navarre, berceau d’une histoire riche et tumultueuse, recèle de trésors architecturaux qui témoignent de son passé médiéval. Parmi ces joyaux, les vestiges fortifiés occupent une place de choix, racontant silencieusement les récits de batailles, de conquêtes et de vie quotidienne d’antan. Remparts majestueux, citadelles imposantes et tours altières se dressent fièrement, invitant le visiteur à un voyage dans le temps. Observons ensemble ces merveilles de pierre qui font la fierté de notre patrimoine local.
L’imposante citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port : un joyau de l’architecture militaire
Au cœur de la Vieille Navarre, la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port se dresse majestueusement sur la colline de Mendiguren. Cette forteresse, construite entre 1625 et 1627, puis améliorée dans les années 1640, est un exemple remarquable de l’architecture militaire du XVIIe siècle. Dominant la ville et la Nive de Béhérobie de près de 80 mètres, elle offre un panorama à couper le souffle sur la région environnante.
La citadelle, classée Monument Historique depuis 1963, comprend également sa redoute de Gastelumendy. Elle représente un rare exemple de fortification bastionnée, conçue par les ingénieurs précurseurs du célèbre Vauban. Son rôle stratégique était primordial, gardant la grande route des Ports de Cize, principale voie de franchissement des Pyrénées vers l’Espagne.
Voici quelques caractéristiques notables de la citadelle :
- Une architecture bastionnée innovante pour l’époque
- Des murs épais capables de résister aux assauts ennemis
- Un système de défense complexe avec fossés et pont-levis
- Des casernes et des magasins pour abriter soldats et provisions
Ayant eu la chance de guider de nombreux visiteurs à travers ce site unique, je peux témoigner de l’émerveillement qu’il suscite. Les pierres semblent murmurer les secrets des siècles passés, tandis que l’on imagine les soldats en faction, scrutant l’horizon à la recherche d’éventuels envahisseurs.
Les remparts médiévaux : témoins silencieux d’une époque révolue
Les remparts de Saint-Jean-Pied-de-Port constituent un ensemble architectural intéressant, divisé en deux parties distinctes : la muraille de la ville haute et celle du faubourg d’Espagne. Ces fortifications, érigées à différentes époques, racontent chacune une partie de l’histoire mouvementée de notre belle cité.
La muraille de la ville haute, classée Monument Historique depuis 1986, est un véritable joyau du XIIIe siècle. Construite en grès rose de l’Arradoy, elle entoure la vieille ville d’une étreinte protectrice. Quatre portes ogivales percent cette enceinte, dont la plus célèbre est sans conteste la Porte Saint-Jacques. Cette dernière, inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1998 au titre des « Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France », accueille depuis des siècles les pèlerins en route vers Compostelle.
Le faubourg d’Espagne, quant à lui, doit sa protection à une initiative de Vauban. Suite à sa visite en 1685, le célèbre ingénieur militaire proposa la construction d’une muraille pour défendre ce quartier. Les travaux, commencés en 1690, ne furent achevés qu’entre 1842 et 1848. Cette enceinte plus récente est flanquée de tours bastionnées et percée de meurtrières pour fusils.
Voici un tableau comparatif des deux murailles :
Caractéristique | Muraille de la ville haute | Muraille du faubourg d’Espagne |
---|---|---|
Époque de construction | XIIIe siècle | XVIIe-XIXe siècles |
Matériau principal | Grès rose de l’Arradoy | Pierre locale |
Particularités | 4 portes ogivales | Tours bastionnées, meurtrières |
En tant qu’ancien guide, j’ai souvent eu le plaisir de faire découvrir ces remparts aux visiteurs. Le chemin de ronde, récemment mis en valeur, offre une promenade inoubliable. On y ressent presque la présence des soldats qui, autrefois, veillaient sur la sécurité de la cité.
Un patrimoine architectural diversifié au cœur de la Vieille Navarre
Au-delà des fortifications, Saint-Jean-Pied-de-Port regorge d’autres trésors architecturaux qui témoignent de son riche passé. Parmi eux, l’église paroissiale de l’Assomption de la Vierge se distingue comme l’édifice gothique remarquablement le plus significatif du Pays basque français, après la cathédrale de Bayonne. La tradition attribue sa construction au roi de Navarre, Sanche le Fort, en commémoration de la victoire de Las Navas de Tolosa en 1212.
Un autre bâtiment remarquable est la Prison dite des Évêques. Inscrite aux Monuments Historiques depuis 1941, cette bâtisse mystérieuse attire par son histoire singulière. Son nom évoque à la fois la présence d’évêques du diocèse de Bayonne lors du Grand Schisme d’Occident et sa vocation pénitentiaire attestée dès la fin du XVIIIe siècle.
Enfin, la Maison dite Mansart, située sur la place du marché, mérite une attention particulière. Construite au début du XVIIIe siècle pour un riche négociant en laine, elle illustre parfaitement le style Louis XIV. Sa façade en grès rose de l’Arradoy et ses mansardes lui confèrent un charme indéniable.
Ces monuments, témoins silencieux de l’histoire, racontent chacun à leur manière l’évolution de notre cité à travers les siècles. De mes nombreuses années passées à parcourir ces rues chargées d’histoire, je garde le souvenir ému des récits et anecdotes que j’ai pu partager avec les visiteurs, contribuant donc à maintenir vivante la mémoire de notre patrimoine.
La Vieille Navarre, avec ses vestiges fortifiés et son riche patrimoine architectural, offre aux visiteurs un voyage enchantant à travers les âges. Des remparts médiévaux à la majestueuse citadelle, en passant par les édifices religieux et civils, chaque pierre raconte une histoire, chaque rue respire le passé. Visiter ces trésors, c’est plonger dans l’âme même de notre région, comprendre ses racines et apprécier la richesse de son héritage. Que vous soyez passionné d’histoire, amateur d’architecture ou simple curieux, la Vieille Navarre vous réserve des découvertes inoubliables, témoignages vibrants d’un passé glorieux qui continue d’inspirer le présent.